Pourquoi j’ai quitté Le Temps

Récemment, j'ai participé à un speed dating entre journalistes et public. Plusieurs questions sur la vie d'indépendant sont revenues régulièrement. Je me suis dit que ce serait utile de partager ces réponses.

Pour ceux qui me découvrent, je suis Guillaume, journaliste vidéo indépendant. Je réalise des reportages pour le téléjournal de la RTS et j'ai créé mon agence UPLOAD Productions qui produit du contenu pour divers clients. Sur cette chaîne, je partage des conseils sur la production vidéo, la vie d'indépendant et les coulisses de mes reportages.

Comment ai-je décidé de devenir indépendant?

J'ai travaillé pendant 4 ans dans la cellule digitale du groupe Ringier (Le Temps, L'Illustré, GaultMillau). J'y créais du contenu web et j'ai eu la chance de parcourir la Suisse pour des reportages, rencontrant même certaines de mes idoles. Mais après 4 ans, j'avais besoin d'évoluer. J'avais exploré tous les formats possibles et je sentais que pour grandir professionnellement, il fallait que je parte.

C'est ce que j'ai fait.

Le timing était parfait. Pendant ma période de préavis, lors d'une interview pour un sujet sur GameStop, le spécialiste en finance que j'interrogeais m'a dit qu'il appréciait mes questions et voulait travailler avec moi.

Je lui ai répondu: "Ça tombe bien, je viens de démissionner." J'ai bien sûr attendu la fin de mon préavis avant de commencer.

En 4 ans, jamais une personne interviewée ne m'avait proposé de collaborer. J'ai vraiment ressenti ça comme un signe du destin qui vient récompenser une décision audacieuse.

C'est ainsi que j'ai décroché mon premier mandat d'indépendant: mettre en place une émission financière quotidienne, construire un studio, créer un générique et définir une ligne éditoriale. Un projet passionnant.

Comment obtenir des mandats?

On me pose souvent cette question. L'exemple précédent est plutôt rare - généralement, ça ne se passe pas comme ça.

Ma première démarche a été d'appeler toutes mes connaissances professionnelles pour leur demander s'ils avaient besoin de contenus vidéo.

Dans mon cas, il y avait eu beaucoup de mouvements dans mon ancien média, ce qui m'a donné un réseau de contacts bien répartis en Suisse romande.

J'ai aussi contacté mes amis et même les parents de mes amis, simplement pour les informer que j'étais désormais indépendant et disponible pour travailler.

Ces démarches m'ont fourni une base solide pour vivre de la vidéo.

J'étais inscrit au chômage pendant les 6 mois suivant ma démission, mais avec les gains intermédiaires, je n'ai pratiquement rien touché et j'ai pu faire une transition assez naturelle vers l'indépendance.

Est-ce que je vais vers les clients ou eux vers moi?

Il y a plusieurs scénarios. Dans le journalisme, soit on propose un sujet à un rédacteur en chef, un chef de rubrique ou un producteur - ce qui implique d'avoir fait ses recherches, identifié des interlocuteurs, trouvé une information pertinente, défini un angle et un format (reportage, enquête, durée). Les médias sont libres d'accepter ou non.

Parfois, ce sont les médias qui nous contactent: soit parce qu'une actualité importante nécessite différents angles, soit parce qu'un collègue est absent, soit parce qu'ils apprécient notre style et souhaitent collaborer.

Mais généralement, quand on est indépendant, il faut aller vers les gens d'une façon ou d'une autre: publier sur LinkedIn, Instagram, YouTube, prendre des initiatives, appeler, rencontrer, participer aux événements du secteur.

En résumé: il faut aller vers les gens pour qu'ensuite ils viennent vers nous.

Comment passer d'un CDI à l'indépendance?

C'est souvent le cas de personnes qui travaillent à temps partiel (60-80%) et font de la vidéo ou du journalisme en parallèle. À quel moment abandonner la sécurité pour se consacrer pleinement à l'indépendance? C'est très personnel.

L'option la plus "extrême" est de démissionner et vivre sur ses économies. C'est risqué car on n'a aucune garantie et les économies s'épuisent vite. L'avantage, c'est que cette pression peut être motivante.

Personnellement, j'ai opté pour le chômage, me donnant un an et demi pour réussir. L'option la plus "sûre" serait de développer progressivement des mandats parallèlement au travail salarié, jusqu'à ce qu'un client propose une mission importante.

Un conseil pour se lancer dans le journalisme?

Honnêtement, c'est une période difficile pour la profession, donc mon premier conseil est: armez-vous de courage. Pour quelqu'un sans expérience professionnelle, je recommande d'utiliser les réseaux sociaux pour créer du contenu. C'est la meilleure façon de montrer ses compétences, de développer son style et d'acquérir les compétences nécessaires.

Bien sûr, il faut proposer des piges et chercher des stages, mais avec zéro expérience, les réseaux sociaux permettent de constituer un véritable portfolio AVANT même qu'on vous donne une chance. Et si personne ne vous engage, vous faites déjà ce que vous aimez.

Conclusion

Devenir indépendant demande du courage, de la persévérance et un bon réseau. Mais c'est aussi une aventure enrichissante qui permet de suivre sa propre voie et de développer des projets variés. Si vous avez cette passion et cette détermination, n'hésitez pas à vous lancer - en prenant bien sûr quelques précautions financières!

Si vous avez d'autres questions sur la vie d'indépendant ou le journalisme, n'hésitez pas à les poser en commentaire. Je serai ravi d'y répondre dans une prochaine vidéo.

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